Hwessi - Royales

Après Une Goutte d'Eau... Cette goutte d'eau qui s'est déversée, m'a envahie et a réveillé en moi le désir de revenir impérativement aux origines : aller fouiller dans cette histoire, mon histoire, cette terre, la terre de mes ancêtres. Plus qu'un retour aux sources, c'est le désir de connaître plus profondément le pays de mes aïeux, le Bénin. Je n'y suis pas née, je n'y ai pas grandi mais j'ai besoin de retrouver ce que je porte en moi de viscéralement béninois, de découvrir ce qui me relie à toutes les femmes de ce pays, d'avoir mon propre regard d'adulte, de femme, d'expatriée et enfin, de choisir quelle béninoise j'ai envie d'être.

 

L'expression « Lê vôdjô » en langue fon veut dire « re-naître » : l'être humain a deux naissances. La première, verticale, est celle donnée par ses parents, la seconde, horizontale, est celle qu'il se donne à lui-même à partir de ses propres choix. C'est à cette seconde naissance que j'aspire. Dans cette création, je souhaite parler du Bénin à travers les figures féminines fortes de ce pays et plus précisément de la royauté des femmes. Reines, amazones, prêtresse vaudou, nans, quels héritages ont-elles légués aux générations qui leur ont succédé ?

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Dans la tradition béninoise comme dans la plupart des pays africains, musique, chant, danse et spiritualité sont étroitement liés, voire indissociables. Le culte vaudou est le berceau même de l'histoire de la culture animiste du Bénin avec une organisation dans laquelle les femmes ont un rôle d'intermédiaire et de gardienne. Jusqu'à la fin du XIXe siècle, l'actuel Bénin (ex Dahomey) était un royaume dont on connaît plus généralement l'histoire des rois, notamment celle du Roi Béhanzin, connu pour avoir résisté aux colons et fini exilé, enterré hors de sa terre natale. Ce qu'on ignore en revanche, c'est l'engagement fondamental des femmes tout au long de ces règnes.

 

Pour le travail de recherche et d'écriture, nous avons passé un temps en immersion dans le pays avec mon équipe artistique (Rija Randrianivosoa, Ersoj Kazimov). Nous avons rencontré des descendantes des rois et reines d’Abomey, pour nous imprégner de leur histoire, des traditions musicales qui l'accompagnent, de l'énergie des rues, des villages et des villes du Bénin d'aujourd'hui. Il s'agit de plonger dans la culture traditionnelle et contemporaine du Bénin au féminin pour en donner une vision musicale personnelle. 

 

J’interroge par la même occasion l’identité héritée, la racine, qui cohabite avec l’identité plurielle vécue, pour rendre expression à la femme d’aujourd’hui avec toute ce qu’elle a de noble.

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Je souhaite porter cette identité plurielle dans une création pluridisciplinaire musique-arts visuels/plastiques, danse. J'associe Dominique Zinkpè, artiste peintre et plasticien de renom béninois, à qui je confierai la partie scénographique de la création. Dominique Zinkpè est le fondateur du Lieu Unik à Abomey, lieu dédié à la création contemporaine. J'aimerais associer au travail de recherche et d'écriture une part d'archive afin de conserver une trace sonore et visuelle des rencontres et témoignages collectés et continuer à partager, transmettre sur ce pays qui reste de nos jours peu connu. C'est aussi un travail de mémoire pour la jeune génération née en France qui entretient un lien épisodique avec la terre de leurs parents. Dans cette idée de transmission et aussi de création, Françoise Degeorges, productrice à Radio France, propose d'accompagner ce projet à travers son émission « Ocora Couleurs Du Monde » (diffusion chaque samedi de 23h00 à minuit sur France Musique).